Tuesday, July 30, 2013

L'entraînement démystifié : La magie des intervalles

Édition du 30 juillet 2013, section PAUSE SANTÉ


Une mauvaise nouvelle d’abord. Si, comme la plupart des gens, vous misez sur l’exercice cardio-vasculaire pour maigrir, sachez que la majorité des experts que nous avons interrogés considèrent que l’entraînement n’est pas un très bon outil pour perdre du poids. 

Selon le Dr Yoni Freedhoff, professeur à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, directeur de l’Institut médical bariatrique et auteur de The Diet Fix (qui sera publié l’an prochain), « nous savons depuis longtemps que la prise de poids est un problème lié à ce que nous mangeons, pas à l’exercice. Vous pouvez consommer en trente secondes des calories qu’il vous faudrait une heure à brûler. Il est donc plus facile de ne pas consommer 500 calories que de brûler 500 calories ». Il ajoute que « pour arriver à perdre une livre par semaine en s’exerçant, il faudrait, en matière d’effort, y consacrer l’équivalent d’un marathon. Ce n’est pas réaliste ».

Même s’il est vrai qu’en théorie, nous perdons du poids lorsque notre dépense énergétique est supérieure à notre apport énergétique, la réalité est beaucoup plus complexe. Selon Timothy Caulfield, professeur à la faculté de droit et de santé publique à l’Université de l’Alberta, la perte de poids relève à 80 ou 90 % du contrôle des calories. Il explique que les gens qui s’entraînent peuvent avoir tendance à avoir plus faim, par exemple, ou à avaler un deuxième biscuit parce qu’ils pensent l’avoir mérité.

Ils sont aussi susceptibles de dépenser moins d’énergie pendant le reste de la journée, parce qu’ils sont fatigués après l’effort. « En passant, ajoute-t-il dans son livre The Cure for Everything, vous devriez probablement ignorer les compteurs de calories que vous voyez sur vos exerciseurs. Il s’agit vraisemblablement de surestimations extrêmement généreuses. »
Efficaces intervalles

L’entraînement cardio-vasculaire est tout de même essentiel pour la santé et le bien-être, deux aspects qui peuvent à leur tour influencer notre poids indirectement. Vous êtes pressé? L’entraînement par intervalles permet d’obtenir des résultats spectaculaires en y consacrant une fraction du temps habituel.
Selon Timothy Caulfield, l’entraînement intermittent est de quatre à cinq fois plus efficace qu’un entraînement modéré et constant. Il cite dans son livre une étude où des cyclistes, après avoir fait quelques sprints de 30 secondes, trois jours par semaine, obtenaient les mêmes résultats que ceux qui avaient pédalé de 40 à 60 minutes, cinq jours par semaine !

« Les gens disent qu’ils n’ont pas le temps de s’entraîner, c’est donc une très bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il faut travailler fort. Les intervalles doivent être assez intenses. Cependant, tout est relatif. Pour ceux qui débutent, un intervalle pourrait être de marcher la longueur d’un pâté de maisons rapidement, et le prochain lentement. »

« Les formules d’entraînement par intervalles sont toujours plus payantes que les formules en continu. Il y a consensus là-dessus dans la communauté scientifique, plus personne ne met ça en doute », fait valoir Guy Thibault, docteur en physiologie de l’exercice, professeur associé au département de kinésiologie de l’Université de Montréal et auteur du livre En pleine forme : conseils pratiques pour s’entraîner et persévérer, à paraître en août.

Pourquoi ces séances d’entraînement, que Guy Thibault a rebaptisées « nano entraînement », sont-elles si efficaces? « Parce que, selon lui, elles permettent d’accumuler un plus grand volume global d’exercice, sans nécessairement causer une plus grande fatigue. »

C’est aussi à cause du principe d’adaptation. Comme l’explique Timothy Caulfield, « il faut travailler assez fort pour pousser notre corps à s’adapter, à changer ». La clé d’un entraînement par intervalles efficace est donc son intensité. « Encore faut-il bien le faire, dit Guy Thibault. L’une des erreurs les plus courantes, c’est d’insister sur le volume. Les gens accumulent les minutes et les calories dépensées, ce qui n’est pas une bonne idée parce que ça va nous amener à faire un compromis sur l’intensité. De tous les paramètres de l’entraînement, le plus important, ce n’est pas le volume, c’est l’intensité. » Il ajoute que, « pour la plupart des gens qui s’entraînent, même si c’est mieux que rien, l’intensité n’est pas assez élevée. Il faut vraiment avoir un minimum d’essoufflement ».

Il existe de nombreuses formules d’intervalles : quelques sprints de 15 secondes, par exemple, suivis de 15 secondes ou de 30 secondes de repos. Ou encore un effort intense d’une minute, suivi d’un ralentissement d’une minute. Guy Thibault conseille donc d’expérimenter, de jouer avec la longueur des intervalles et le type de récupération, pour voir ce qui fonctionne le mieux pour vous. Pour mesurer ses intervalles, plusieurs applications pour téléphones intelligents, comme Seconds Pro, sont offertes.

C’est la formule 20-40 secondes que Guy Thibault a conseillée à l’athlète Clara Hughes en 1995. « Elle faisait ça tous les jours pendant une heure, tout l’hiver, dit-il. Ce qui était fou, d’ailleurs. J’ai un peu chicané son entraîneur, parce que je n’avais pas suggéré qu’elle fasse ça tous les jours. Et aux Jeux olympiques cet été-là, elle a remporté deux médailles ! »

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En famille au bout du monde

Témoignages de voyageurs avertis.

par Vincent Fortier 
 
Envie de tout laisser tomber et de partir à l’aventure? Ces voyageurs ont osé plier bagage pour plusieurs mois et sauront sûrement vous inspirer…
cécile choyau et sa fille en colombie-britanniqueQui : Cécile, François-Xavier et leur fille de six ans, Emma.
Le grand voyage : le tour du monde pendant trois ans.
La maison de Cécile Choyau et de son conjoint est presque vide. « Ça résonne un peu! », lance-t-elle au bout du fil, quelques jours avant le grand départ. Cécile et François-Xavier ont quitté leur emploi, vendu leur maison, leur voiture et presque tous leurs biens.
« On s’est préparés pendant un an et demi, indique Mme Choyau. C’est un peu vertigineux de sortir de sa zone de confort, mais c’est ce qu’on voulait depuis longtemps. » Sur la route, qui les amènera sur cinq continents, la petite famille se déplace presque entièrement à vélo.
Pendant les 1 000 prochains jours, la petite famille s’impose la simplicité volontaire. Dans ses bagages : trois vélos, huit sacoches et une petite remorque pour l’équipement de camping… Son budget pour cette aventure : 100 000 $. L’achat d’un triplex à loyers, il y a sept ans, et la vente de celui-ci ont permis d’amasser les sous nécessaires.
cécile fait l'école sur la route pour sa fille emmaLe couple a planifié le parcours selon les saisons, mais se permettra quelques dérogations. Si le climat géopolitique de certains coins du monde l’impose, par exemple. Comme Cécile et François-Xavier voyagent avec leur fillette, ils n’ont toutefois rien laissé au hasard. Ils ont suivi des cours de secourisme et de mécanique et ils devront aussi s’assurer de l’éducation d’Emma, six ans, à raison de deux heures trente par jour.
On peut suivre leur périple sur le blogue Rêve nomade.
Marialaine et sa famille au LaosQui : Marilaine, Frédéric et leurs deux enfants, Louka et Manu.
Les grands voyages : un an aux États-Unis et en Amérique centrale en 2002, pour leur lune de miel. Dix ans plus tard, un long séjour en Asie avec leurs enfants, alors âgés de deux et quatre ans. (Sur la photo  : le quatuor est au Vietnam.)
« Ça a énormément changé en 10 ans, constate Marilaine Bolduc-Jacob. C’est beaucoup plus facile aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies. En Asie, on avait un itinéraire très vague qu’on confirmait au fur et à mesure. Quarante-huit heures avant de quitter une ville, on réservait sur Internet. »
Malgré tout, Marilaine croit en la pertinence de bien préparer son voyage… mais pas trop! « Plus on se prépare, plus on part l’esprit tranquille, avance la voyageuse, qui conseille de planifier les choses au moins trois mois à l’avance. C’est important d’avoir une idée du voyage qu’on souhaite faire, mais de ne pas avoir un itinéraire trop précis, pour garder l’effet de surprise et d’émerveillement. »
Pour ce qui est des bagages, l’idée, c’est de voyager léger, croit Mme Bolduc-Jacob. « C’est facile de trouver tout ce dont on a besoin à l’étranger, même pour les enfants et même dans les coins plus reculés. À quatre, nous avions deux sacs à dos et une valise. »
Lors de son retour d’Asie, Marilaine avait prévu deux semaines et demie supplémentaires à son congé sans solde avant de reprendre le travail. « Je voulais être prête psychologiquement, explique-t-elle. De la même façon, nous n’avons pas pitché les enfants tout de suite à la garderie. »


SONY DSCQui : Jordan et son conjoint, Thom.
Le grand voyage : un an autour du monde (Océanie, Asie, Europe).
Jordan St. James et son conjoint, Thom Seivewright, ont choisi de partir en décembre 2012 pour un an. En commençant leur voyage dans l’hémisphère Sud, en Nouvelle-Zélande (photo ci-bas), et en remontant tranquillement vers l’Asie, puis l’Europe, ils se sont assurés d’un climat estival pour les huit premiers mois de leur périple.
« Nous avions chacun une valise et un bagage à main, raconte Jordan St. James. Nous pensions que nous pourrions garder nos vêtements toute l’année, mais nous avons dû en acheter de nouveaux en cours de route et en expédier certains à la maison. Certains de nos vêtements, trop épais, n’étaient pas adaptés pour des climats comme celui de l’Inde. Aussi, nous avons réalisé que nous avions envie de magasiner un peu! »
Malgré ces achats imprévus, Jordan et Thom ont pu respecter leur budget initial de 80 000 $, des sous qu’ils ont commencé à économiser trois ans avant le départ. « Nous mettions 70 % de notre chèque de paye de côté. Puis, nous avons établi un budget très détaillé par pays et par ville… Ça comprenait même les dépenses pour les cartes postales et les timbres! »
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Si les préparatifs avant de partir sont importants, Jordan croit que la planification du retour est aussi primordiale. « Financièrement, afin d’avoir un coussin, mais aussi mentalement. » Le couple a donc vécu ses dernières semaines de voyage à Paris et à New York, des villes que les deux connaissaient bien, pour que la transition soit plus facile. « On ne peut toutefois jamais se préparer totalement au retour », conclut-il.
 

Pour que le cirque rayonne ici

On se le fait dire assez souvent, Montréal est devenu l’une des capitales mondiales du cirque contemporain. Un titre obtenu en bonne partie grâce à la formation exceptionnelle offerte par les écoles professionnelles de cirque de Montréal et de Québec. Mais aussi à la TOHU, qui a créé un véritable pôle national de cirque à Montréal. 

La popularité croissante des écoles de loisirs comme celle de Verdun et les programmes communautaires de qualité comme ceux de la Caserne 18-30 ont également contribué à cette consécration.

Avec à sa tête le Cirque du Soleil, Éloize et Les 7 doigts de la main, le cirque québécois rayonne dans le monde entier depuis des années, c’est acquis. Mais avec la création du festival Montréal complètement cirque, il y a quatre ans, les artistes de cirque ont commencé à se faire connaître au Québec.

En empruntant les codes de la danse et du théâtre, le cirque contemporain québécois est en train de réinventer les arts vivants, tout en attirant auprès de lui un public plus jeune. Une petite révolution en soi.
Ce n’est probablement pas un hasard si, depuis la naissance de Montréal complètement cirque, on assiste à l’éclosion de plusieurs nouvelles compagnies de cirque. Le festival leur a donné une nouvelle impulsion et, surtout, une visibilité.

Le Cirque Alfonse, né à Saint-Alphonse-Rodriguez, Vague de cirque, des Îles-de-la-Madeleine, les collectifs Flip Fabrique et Cat-Wall, de Québec, forment quelques-unes des étoiles montantes de cette nouvelle constellation.

Mais elles ne sont pas seules. De nombreuses autres compagnies ont vu le jour depuis les six dernières années : Throw2Catch de Samuel Roy et Nicolas Boivin-Gravel ; Les parfaits inconnus de Sylvain Dubois ; La bande artistique d’Émile Carey et Marie-Claude Chamberland.

Cette année, on a aussi découvert Fabrique Métamorphosis, d’Héloïse Depocas ; Nord Nord Est de Benoît Landry ; Les beaux-frères, le trio Barcode, Céans, LaboKracBoom, Toxique Trottoir et on en passe…
Pour survivre, ces compagnies doivent trouver des diffuseurs. Certaines se sont déjà engagées dans le circuit des festivals internationaux. C’est le cas d’Alfonse et de Flip Fabrique.

Mais plusieurs d’entre elles voudraient aussi tourner au Québec. Pour des raisons familiales, Noémie Gervais, cofondatrice de Vague de cirque, s’est lancée dans cette aventure il y a quatre ans avec Alain Boudreau (cofondateur d’Éloize). Mais les routes du Québec sont parsemées d’obstacles.

« Le problème, nous a récemment dit Noémie Gervais, c’est qu’il n’y a aucune infrastructure de cirque au Québec. Quand on arrive quelque part, on doit tout faire. En France, par exemple, chaque ville a un lieu pour installer un chapiteau ; on peut aussi trouver tous les équipements dont on a besoin. Pas ici. »

Bien sûr, la France a une longue tradition de cirque. On dénombre au moins 800 compagnies là-bas. On est loin du compte ici. Tout est donc à faire.

L’autre défi de ces compagnies qui veulent tourner au Québec est d’attirer les foules. Pour qu’un spectacle soit rentable, il faut remplir son chapiteau ou sa salle pendant plusieurs jours.

Or, les villes du Québec, peu populeuses, ne s’engagent bien souvent que pour un ou deux soirs, une question bassement mathématique. Les coûts de déplacements et d’installation sont souvent très élevés. Un constat qu’a fait en son temps le cirque ambulant Akya de Rodrigue « Chocolat » Tremblay, qui a pratiquement cessé de tourner.

Enfin, la plupart de ces petites compagnies sont gérées par les artistes eux-mêmes. Un double emploi qui n’est pas toujours heureux. D’où l’importance de l’aide gouvernementale pour permettre aux compagnies québécoises de s’administrer et d’être diffusées.

Malheureusement, le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) est limité. L’an dernier, le cirque a reçu environ 1,2 million, soit 20 fois moins que le théâtre. Pour tourner au Québec, sept compagnies se sont partagé une enveloppe d’à peine 100 000 $, une somme nettement insuffisante.

Le directeur du CALQ, Christian O’Leary, reconnaît que la demande d’aide aux tournées (notamment au Québec) a augmenté depuis quelques années. Il constate aussi une augmentation du nombre de compagnies demandeuses, mais avec cette nuance.

« Comme la plupart des artistes de cirque sont recrutés par des cirques existants aussitôt leur formation terminée, ils ne sont pas si nombreux à fonder des compagnies. Cela dit, je suis optimiste sur le fait que nos budgets suivront la croissance du cirque. »

La semaine dernière, le Conseil des arts de Montréal a annoncé la création d’un fonds de 30 000 $ d’aide à la relève en cirque. Une belle initiative menée avec la TOHU, mais une aide réduite pour cette famille de cirque qui s’agrandit.

Inévitablement, le CALQ et le ministère de la Culture devront soutenir cette industrie avec de nouveaux fonds, une demande répétée par la TOHU au fil des ans. Pour soutenir ces nouvelles compagnies de la relève en cirque, mais aussi pour que le cirque québécois rayonne ici, et pas seulement dans les cabarets allemands.

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Thursday, July 25, 2013

Méthane: la bombe invisible

La libération du gaz emprisonné sous l’océan Arctique pourrait coûter 60 000 milliards de dollars à l’économie mondiale

Outre les fonds marins, une étude britannique publiée le mois dernier indique que le pergélisol de toute la zone arctique pourrait commencer à dégeler de façon durable d’ici 10 à 30 ans.
Photo : Archives La Presse canadienne Outre les fonds marins, une étude britannique publiée le mois dernier indique que le pergélisol de toute la zone arctique pourrait commencer à dégeler de façon durable d’ici 10 à 30 ans.
Si rien n’est fait pour tenter de freiner les bouleversements climatiques provoqués par l’être humain, ceux-ci devraient engendrer la libération de quantités massives de méthane emprisonné présentement au fond de l’océan Arctique. En accélérant le réchauffement planétaire, ce puissant gaz à effet de serre pourrait coûter plus de 60 000 milliards $US à l’économie mondiale, selon ce qui ressort d’une étude publiée mercredi dans la réputée revue Nature.

Avec le recul annuel « sans précédent » de la banquise, la fonte du pergélisol situé au fond de l’océan Arctique permet le relâchement du méthane qui s’y trouve. Or, selon les estimations actuelles, pas moins de 50 milliards de tonnes de ce gaz à effet de serre - 20 fois plus puissant que le CO2 - se trouveraient en mer de Sibérie orientale, soit la partie de l’océan Arctique située au nord-est de la Russie.
  En 2008, des chercheurs russes avaient considéré qu’il était « hautement possible » que jusqu’à 50 milliards de tonnes de méthane s’en libèrent. Et encore, ce chiffre ne correspond qu’à 10 % du stock de méthane coincé dans le plateau continental sibérien. En fait, les quantités de méthane stockées sous les fonds sous-marins de l’Arctique dépasseraient en importance la totalité du carbone contenu dans les réserves mondiales de charbon, le combustible fossile le plus abondant sur la planète.
  Les chercheurs de l’Université de Cambridge et de Rotterdam ont donc cherché à évaluer l’impact économique d’une possible fuite de 50 milliards de tonnes de ce méthane, s’échappant sur une période de dix ans en raison d’un réchauffement climatique déjà bien entamé. Ils ont ainsi découvert que cet ajout rapide agirait comme un accélérateur sur les bouleversements que subit déjà la Terre. « Si ce méthane était libéré, le temps qui nous sépare du moment où l’augmentation de la température moyenne globale dépassera les 2 °C serait raccourci de 15 à 35 ans », estime ainsi l’expert en modélisation Chris Hope, de l’Université de Cambridge en Angleterre, dans un communiqué présentant l’étude.
  En théorie, l’objectif de la communauté internationale est de freiner la hausse du thermomètre mondial à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, alors que la planète en est déjà à + 0,8 °C. Mais dans les faits, les prévisions indiquent que cet objectif est actuellement hors d’atteinte, et ce, même sans ajouter l’apport du méthane dans le calcul. L’Agence internationale de l’énergie évoque même une hausse de 5,3 °C d’ici la fin du siècle.
  Bombe à retardement
  Bref, la libération des quantités de méthane identifiées par les chercheurs constitue rien de moins qu’une « bombe à retardement invisible », selon les mots utilisés par Gail Whiteman, spécialiste du climat à l’Université Erasmus de Rotterdam, aux Pays-Bas, et coauteur de l’étude.
  Une bombe qui risque de coûter très cher à l’humanité. Prenant en compte les inondations, sécheresses, tempêtes, ainsi que les pertes de productivité de l’économie que provoquerait ce changement climatique, « l’impact est évalué à 60 000 milliards de dollars ». Et si les 50 milliards de tonnes de méthane étaient libérées durant 20 ans, entre 2015 et 2035, le coût serait d’environ 64 500 milliards de dollars. Si la fuite s’étalait sur 30 ans, entre 2015 et 2045, il s’élèverait à 66 200 milliards. À titre de comparaison, la valeur de l’économie mondiale en 2012 avoisinait les 70 000 milliards de dollars.
  Les chercheurs soulignent en outre que les coûts pourraient s’avérer encore plus élevés, puisque les bouleversements provoqués par l’activité humaine auront aussi un impact sur la « circulation des eaux dans les océans », mais également sur l’« acidification » de ceux-ci. Qui plus est, la fonte des glaces fait déjà saliver les pétrolières qui lorgnent les ressources en énergie fossile qui se trouvent en Arctique. Des ressources qui, une fois exploitées, viendront aggraver les changements climatiques. Le Canada, qui a pris récemment la présidence du Conseil de l’Arctique, préconise l’exploitation des hydrocarbures dans cette région.
  Toujours selon les résultats de l’étude publiée dans Nature, quelque 80 % des effets seraient constatés dans les pays les plus vulnérables en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Des régions où on retrouve les populations les plus défavorisées du globe et qui sont déjà fortement exposées aux conséquences du réchauffement planétaire.
  Des chercheurs ont mis en évidence ces dernières années que le fond de l’océan Arctique commençait déjà à libérer du méthane, mais ce phénomène reste en général mal expliqué et peu documenté.

Fonte du pergélisol
  Outre les fonds marins, une étude britannique publiée le mois dernier indique que le pergélisol de toute la zone arctique pourrait commencer à dégeler de façon durable d’ici 10 à 30 ans. Ce pergélisol représente un quart de la surface des terres dans l’hémisphère Nord. Au niveau mondial, il renferme pas moins de 1700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du CO2 déjà présent dans l’atmosphère.
  Selon des travaux menés par le Département des sciences de la terre de l’Université d’Oxford, le pergélisol pourrait commencer à fondre à partir d’un réchauffement du globe de 1,5 °C. Si cette matière organique gelée fond, elle relâche lentement tout le carbone qui y a été accumulé au fil des siècles.
  Or, cet énorme apport de CO2 rejeté dans l’atmosphère n’a jusqu’à présent pas été pris en compte dans les projections sur le réchauffement climatique qui sont utilisées dans le cadre des négociations mondiales sur le climat.
  La communauté internationale s’est donnée comme objectif de conclure un accord contraignant sur le climat regroupant 190 États, et ce, d’ici 2015.
  La plupart des spécialistes s’entendent pour dire que l’humanité n’a pas le droit à l’échec. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est d’ailleurs catégorique : il sera « bientôt trop tard » pour sauver la santé environnementale de la planète si les pays n’y parviennent pas.

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/383677/methane-la-bombe-invisible

Tuesday, July 16, 2013

Le Québec n’aime pas ses enfants

Socialement, on n’est pas ouverts aux enfants.

Par Maude Goyer 
Maude Goyer est journaliste. Elle tient le blogue Maman 24/7 sur Yahoo! Québec.

Tout le monde passe son chemin sans me prêter attention. Je suis ­plantée là, en haut des marches d’une station de métro, avec ma fille d’un an dans sa poussette. J’entends le train qui arrive et le ton de ma petite qui monte. Je suis ­coincée en haut de ce satané escalier, le front en sueur, le sac à dos trop lourd sur les ­épaules, le manteau déboutonné, la suce dans une main, un toutou dans l’autre.
« Au secours ! » voudrais-je hurler aux passants. Je demande plutôt de l’aide à une dame qui, je l’ai bien vu, m’a jeté un regard furtif. Dans le wagon bondé, les gens ne se précipitent pas pour me céder une place. Je me transforme en équilibriste, debout dans la foule, me forçant à sourire à ma fillette au lieu de crier des énormités à mes concitoyens.

J’arrive à destination. La porte du café où j’ai rendez-vous est précédée d’un escalier. Cette fois, je ne me fie à per­sonne, je ne veux surtout pas déranger… J’atterris dans un lieu exigu, sans chaise haute, rempli de gens qui, visiblement, n’ont aucune compassion pour une mère à la recherche d’un peu de temps pour elle. Et, comble de malheur, le menu n’a rien prévu pour les bambins.

J’en ai marre. Qu’on cesse d’affirmer que notre société est gaga de ses enfants ! « Socialement, on ne le dira pas mais on n’est pas ouverts aux enfants, on les tolère, dit Jacques Davidts, scénariste et auteur des Parent. On les supporte tant qu’ils sont de petits adultes. Mais quand ils agissent en enfants, ça nous tape sur les nerfs. »

Assis à proximité d’un petit en bas âge dans l’avion ? Certains ne se gênent pas pour demander à changer de siège. « Je me suis déjà fait traiter de conne parce que je faisais Toronto-Tokyo avec mon bébé », confie Marie-Julie Gagnon, blogueuse et globe-trotter. Manger dans un restaurant qui n’est pas étiqueté « familial » ? Bonne chance ! « Au ­Québec, vous en voyez souvent des enfants dans un restaurant avec des tables à nappe blanche ? » demande André ­Turmel, socio­logue. Sans parler des regards noirs jetés par les gens : si je laisse mes enfants explorer les lieux, je suis une mère indigne ; si je les tiens tran­quilles en les laissant jouer avec le iPad, je suis une mère indigne. Bonjour la culpabilité.

Accompagnés de nos coquins de cinq et trois ans, l’Homme et moi nous faisons rarement proposer un deuxième verre de vin au resto. Comme si on se faisait poliment dire : « Rentrez donc chez vous, allez coucher vos petits… »

Est-ce que nous compartimentons nos vies au point de verser dans l’intolérance ? On vit ensemble, certes, mais dans une certaine unicité. Si on sort des sentiers battus, on se fait regarder de travers. Un bébé qui dort dans sa poussette dans un bistro chic un vendredi soir ? Louche. Un petit garçon dans la salle d’attente d’un salon de coiffure branché ? Voilà qui est très étrange.

André Turmel confirme : « Nous ne ­sommes pas une société pluraliste. Nous n’avons pas une grande ouverture. Et il y a eu peu de débats sur la question. » Pour Marie-Julie Gagnon, « les enfants ne font pas partie de la société, on les “dompe” à une gardienne pour faire ses affaires. C’est une question de mode de vie. » Trop axés sur leurs plaisirs personnels, les adultes versent dans l’hédonisme. « Parce qu’on a des enfants, on se dit que ça nous empêche de faire ceci ou cela, ajoute Jacques Davidts, père de trois ados. Et on a une crotte sur le cœur. »

Je rêve de vivre en Suisse, en Espagne, en Argentine ou au Brésil, où, m’a-t-on affirmé, les enfants gambadent sur les places publiques à 23 h, mangent dans de bons restaurants, s’endorment sur les banquettes dans un délicieux chaos. Je rêve que mes compatriotes fassent preuve d’un peu plus de savoir-vivre, d’empathie, de souplesse, bref, d’un peu plus d’humanisme. Et je rêve, surtout, qu’un inconnu me lance un regard complice et me dise : « Ah oui, je me souviens… »

 http://fr.chatelaine.com/societe/chroniques/le-quebec-naime-pas-ses-enfants/

Monday, July 8, 2013

From Pets To Plates: Why More People Are Eating Guinea Pigs

Guinea pigs at a farm for the animals in Puno, Peru, where they're considered a delicacy.
 Guinea pigs at a farm for the animals in Puno, Peru, where they're considered a delicacy.

You may best know the guinea pig as a nervous little pet that lives in a cage and eats alfalfa pellets.
Now, the rodents are increasingly showing up on plates in the United States.

South American restaurants on both coasts seem to be pushing the trend, answering to demand mostly from Andean expats for what is considered a fine and valuable food in Ecuador, Peru and Colombia.

Middle-class foodies with a taste for exotic delicacies are also ordering, photographing and blogging about guinea pig. The animals — called cuyes in Spanish — are usually cooked whole, often grilled, sometimes deep fried. Many diners eat every last morsel, literally from head to toe.

Guinea pigs on the grill
Guinea pigs on the grill
Courtesy of Curtiss Calleo
 
But there may be more to gain from eating guinea pig than bizarre foods bragging rights. According to activists, eating guinea pig is good for the environment.

Matt Miller, an Idaho-based science writer with The Nature Conservancy, says rodents and other small livestock represent a low-impact meat alternative to carbon-costly beef. Miller, who is writing a book about the ecological benefits of eating unconventional meats, visited Colombia several years ago. At the time, he says, conservation groups were expressing concern about local ranchers clearing forest to provide pasture for their cattle — activity that was causing erosion and water pollution.

"They were encouraging people to switch from cattle to guinea pigs," Miller says. "Guinea pigs don't require the land that cattle do. They can be kept in backyards, or in your home. They're docile and easy to raise."

The Little Rock-based humanitarian organization Heifer International, which assists communities in enhancing their economies and streamlining local food production, is also promoting guinea pig husbandry in Peru, Ecuador and Guatemala. Jason Woods, the nonprofit's Americas regional program assistant, says guinea pigs — which he says usually weigh no more than 2 pounds — are twice as efficient as cows at turning food, like hay and compost scraps, into meat: To render a pound of meat, a cow, he explains, may require 8 pounds of feed. A guinea pig only needs 4.

To help start a home guinea pig farm, Heifer International typically supplies a family with one male and seven females. In just months, such a collection may have doubled in size. Woods says a guinea pig herd consisting of two males and 20 females can sustain itself while providing meat for a family of six.
In the United States, most guinea pigs intended for human consumption come from Peru as whole, frozen, hairless rodents in plastic bags.

The Salt contacted several federal regulatory agencies, including USDA and Fish and Wildlife, but none seemed to track guinea pig imports. However, we spoke with the owners of two Peruvian food importers who said cuy consumption in the United States is certainly rising. Neither would speak on record, but each said they are now importing more guinea pigs than ever before.

At one company, in Connecticut, imports have nearly doubled since 2008 — from 600 guinea pigs per year then to more than 1,000 today.

Urubamba, a Peruvian restaurant in Queens, wasn't serving guinea pig at all eight years ago. Since then, demand has climbed every year, according to Carlos Atorga, who opened Urubamba in 1976.
Now, Urubamba customers can expect cuy on the menu about one weekend each month. The animals go for $17 a plate, each cuy splayed down the middle like a lobster and served with a front leg and a back, an eye, an ear and a nostril.

In San Francisco, Diego Oka, a native of Peru and the executive chef of La Mar Cebicheria, serves imported Peruvian cuy every summer around Peru's July 28 Independence Day. Oka marinates and deep-fries his guinea pigs for a dish called cuy chactado. He says the nose, ears and fingery little hands are the best bites of all — but Oka removes the animals' extremities to avoid offending sensitive diners.

In Los Angeles, Helen Springut, co-founder of the adventurous eaters club Gastronauts, says guinea pig is a food worth pursuing only as a cultural experience. She says the meat can be tough and stringy.

I ate a quarter of a grilled guinea pig recently during a cycling trip in Ecuador. The sinewy meat was dry and sparse, and I went away hungry. But others describe what sounds like a different creature.

Miller at The Nature Conservancy says guinea pig is "delicious, very tender and hard to compare to anything else" — not even chicken. Chef Astorga at Urubamba says cuy — which he describes as "about the size of a squirrel" — has "tender flesh and very tender skin." La Mar Cebicheria's Chef Oka says cuy is "very oily, like pork combined with rabbit."

While guinea pig may be attaining star status as a hold-your-nose-and-roll-the-camera bizarre food, whether an animal so favored as a pet in the United States will become a mainstream piece of protein is, perhaps, doubtful.

"There's a clear cultural prejudice against eating guinea pigs, and rodents in general, in the United States," Miller says. "But finding ways to reduce our carbon footprint is a good idea, and so is eating small livestock, like guinea pigs."

http://www.npr.org/blogs/thesalt/2013/03/12/174105739/from-pets-to-plates-why-more-people-are-eating-guinea-pigs