Une laveuse ou une télévision qui vous lâche moins de cinq ans
après son achat et dont les coûts de réparation se révèlent plus élevés
qu’un nouvel appareil. Un téléphone « intelligent » qu’on remplace après
deux ans d’utilisation pour un nouveau modèle, ou un ordinateur encore
récent dont on ne peut plus mettre à jour les programmes.
Les exemples d’appareils électroniques ou électroménagers dont la
durée de vie nous semble trop brève sont légion. Cette obsolescence,
programmée dans certains cas, provoquée par des effets de mode ou la
piètre qualité des matériaux dans d’autres, est une réalité pour ainsi
dire indéniable.
«Les témoignages des réparateurs, mais aussi
des consommateurs, indiquent clairement que les appareils durent de
moins en moins longtemps et qu’ils ne sont plus conçus pour être réparés, constate Alexandre Plourde, avocat chez Option consommateurs. Les gens n’en ont pas pour leur argent. Mais pour le fabricant, il y a un intérêt économique puisqu’on augmente le taux de remplacement du bien.»
M. Plourde reconnaît toutefois qu’on manque de données pour démontrer
hors de tout doute le phénomène, surtout lorsqu’il est question de
l’obsolescence qui serait provoquée par un fabricant produisant un bien
conçu pour ne pas durer.
Il existe néanmoins des exemples d’appareils dont la faible durée de
vie a provoqué un certain tollé. C’est le cas de l’iPod d’Apple. La pile
des premières générations de l’appareil, impossible à changer, rendait
l’âme en moyenne après 18 mois d’utilisation. Et lorsque les
consommateurs mécontents contactaient l’entreprise, on leur conseillait
de se procurer un nouvel iPod.
Jugeant que cette situation avait toute l’apparence d’une politique
d’obsolescence programmée, des clients ont intenté en 2003 un recours
collectif contre la multinationale. Le géant a finalement décidé de
dédommager les plaignants, mais aussi de mettre en place un service de
remplacement de pile et une garantie prolongée à deux ans.
Une courte vie
Au-delà de ces cas médiatisés, Le Devoir a recueilli
plusieurs témoignages de consommateurs dont les appareils électroniques
ou électroménagers ont présenté diverses défectuosités dans des délais
plus ou moins brefs. Les plaintes reliées à ce genre de situation
représentent de «40 à 50% des appels chez Option consommateurs», souligne d’ailleurs Me Plourde.
Une étude du Centre de recherche sur le développement durable de
l’Université d’Arizona a ainsi conclu qu’en 20 ans, la durée de vie d’un
ordinateur est passée de 10 à 5 ans. Selon l’Agence de protection de
l’environnement des États-Unis, celle-ci avoisinerait même les trois
ans, au mieux. Dans le cas du cellulaire, la moyenne mondiale dépasse à
peine les deux ans. Le même phénomène de réduction de la durée de vie
est présent pour les électroménagers — réfrigérateur, laveuse,
lave-vaisselle —, qui étaient auparavant utilisés pendant plus d’une
décennie.
«Il n’y a aucun doute que le cycle de vie des produits s’est raccourci», affirme Jacques Nantel, professeur titulaire de marketing à HEC Montréal. Il estime toutefois que cela ne se résume pas à un «complot» ourdi par les entreprises. « C’est
une responsabilité partagée. On pourrait construire des biens qui
durent plusieurs années. Ils seraient plus chers que ce qu’on achète
aujourd’hui, mais sur le long terme, ils seraient beaucoup plus
économiques. Le problème, c’est que les consommateurs n’en veulent pas.
Ils ont des budgets planifiés à court terme, donc ce sont les produits
les moins dispendieux qui vont prévaloir.»
Ces produits, habituellement fabriqués dans des complexes industriels
situés en Asie, coûtent certes moins cher à produire, mais ils sont
aussi moins durables. Et, bien souvent, les consommateurs constatent
avec surprise qu’il est plus coûteux de les faire réparer que d’en
acheter de nouveaux. «Le produit est fabriqué à
un coût très bas parce qu’il est basé sur un coût de main-d’oeuvre très
bas. Une fois ici, si on veut le réparer, la main-d’oeuvre est dix fois
plus chère. C’est donc vu comme une anormalité de le réparer», explique M. Nantel.
Une culture consumériste
Dans le cas de l’électronique, comme les téléphones intelligents ou
les tablettes, les consommateurs seraient de toute façon portés à
acheter des appareils neufs plutôt que de les faire réparer.
Bombardés de publicités vantant la nouveauté et y accolant une image
prestigieuse, voire avant-gardiste, ils ont parfaitement intégré la «culture»
consumériste du jetable après usage, selon Bertrand Schepper, chercheur
à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques. Et ils
sont prêts à s’endetter pour consommer.
Notre modèle économique basé sur une croissance infinie se maintient
d’ailleurs essentiellement grâce à la consommation. Celle-ci représente
près de 60 % du PIB canadien. «Le capitalisme et la société de consommation encouragent le phénomène, souligne M. Schepper. Ce
n’est pas un complot, mais les entreprises ont un intérêt à revendre le
même produit. Et personne ne s’attend, par exemple, à conserver le même
téléphone cellulaire pendant 10ans.»
Mais serait-il possible de légiférer pour obliger les entreprises à
fabriquer des produits plus durables ? La chose apparaît complexe, selon
Alexandre Plourde.
Il faudrait pour cela mettre en place une coordination internationale
entre les pays producteurs et ceux où sont consommés les biens. La
France vient d’adopter une loi interdisant l’obsolescence. Mais selon
Me Plourde, celle-ci sera difficile à appliquer, en raison de la
complexité de la preuve.
Pour le chercheur Bertrand Schepper, la réflexion doit de toute façon être plus profonde. «Il
faudrait se demander s’il ne serait pas intéressant d’intégrer la
durabilité dans nos valeurs, ou même de consommer moins. Par exemple, si
nous décidions de produire des biens plus durables, serait-il possible
de consommer moins, et donc de travailler moins et d’avoir plus de temps
pour soi, pour être plus heureux?»
L’origine du problème : le simulacre de démocratie dans lequel nous vivons
Le simulacre de démocratie dans lequel nous vivons permet aux
politiciens d’ignorer le problème : la compétition déloyale des
fabricants outremer, avec le soutien des gouvernements de leurs pays.
Leur compétition déloyale est celle-ci :
La production de biens de piètre qualité et durabilité ayant les
apparences de biens de bonne qualité et durabilité. Conséquemment, le
consommateur (p.ex., canadien) ayant acheté un produit fabriqué outremer
(p. ex. en Chine) se voit souvent obligé de racheter le même produit
peu de temps après suite à une défaillance du produit. Dans le cas de la
Chine, cette compétition est encore plus déloyale par le contrôle
qu’exerce le gouvernement chinois sur le taux de change de sa monnaie.
Le tout contribue à l’équivalent effectif et exact d’une pratique de «
dumping ». C’est-à-dire la vente de biens en dessous de leurs prix
coûtants afin de mener à la faillite les compétiteurs pour cerner le
marcher et, par la suite, augmenter les prix.
Cette compétition déloyale contribue à mettre au chômage les gens d’ici
qui fabriquent (fabriquaient) les mêmes produits, et envoyer à la
faillite les producteurs d’ici ; ce qui se reflète en taxes pour les
Canadiens (p.ex., taxes pour défrayer les coûts du chômage et du
bien-être social + les coûts engendrés par les conséquences indirectes
du chômage et du bien-être social). Conséquemment, la richesse qui était
produite ici est maintenant acheminée vers la Chine. Conséquemment, le
niveau de vie des Canadiens glisse de plus en plus vers celui des
Chinois, et même en dessous de celui des Chinois. Conséquemment, ces
derniers viennent maintenant acheter nos entreprises avec notre argent.
En apparence, le produit que vous achetez fabriqué en Chine coûte moins
cher, mais en réalité coûte plus cher que s’il était fabriqué au Canada
(prix du produit + non-durabilité + non réparable + taxes pour les frais
du chômage et du bien-être social + coûts socio-économiques indirects
reflétés en taxes additionn
Obsolescence Programmée
Le documentaire «Prêt à jeter», réalisé par Cosima Dannoritzer en 2010
For years, anthropologists and
evolutionary biologists have struggled to explain the existence of
menopause, a life stage that humans do not share with our primate
relatives. Why would it be beneficial for females to stop being able to
have children with decades still left to live?
According to a study published today in the journal Proceedings of the Royal Society B, the answer is grandmothers. “Grandmothering was the initial step toward making us who we are,” says senior author Kristen Hawkes, an anthropologist at the University of Utah. In 1997 Hawkes proposed the “grandmother hypothesis,”
a theory that explains menopause by citing the under-appreciated
evolutionary value of grandmothering. Hawkes says that grandmothering
helped us to develop “a whole array of social capacities that are then
the foundation for the evolution of other distinctly human traits,
including pair bonding, bigger brains, learning new skills and our
tendency for cooperation.”
The new study, which Hawkes conducted with mathematical biologist Peter Kim of the University of Sydney and Utah anthropologist James Coxworth, uses
computer simulations to provide mathematical evidence for the
grandmother hypothesis. To test the strength of the idea, the
researchers simulated what would happen to the lifespan of a
hypothetical primate species if they introduced menopause and
grandmothers as part of the social structure.
In the real world, female chimpanzees typically live about 35 to
45 years in the wild and rarely survive past their child-bearing years.
In the simulation, the researchers replicated this, but they gave 1
percent of the female population a genetic predisposition for human-like
life spans and menopause. Over the course of some 60,000 years, the
hypothetical primate species evolved the ability to live decades past
their child-bearing years, surviving into their sixties and seventies,
and eventually 43 percent of the adult female population were
grandmothers.
How would grandmothers help us live longer? According to the
hypothesis, grandmothers can help collect food and feed children before
they are able to feed themselves, enabling mothers to have more
children. Without grandmothers present, if a mother gives birth and
already has a two-year-old child, the odds of that child surviving are
much lower, because unlike other primates, humans aren’t able to feed
and take care of themselves immediately after weaning. The mother must
devote her time and attention to the new infant at the expense of the
older child. But grandmothers can solve this problem by acting as
supplementary caregivers.
In the hypothesis—and in the computer simulation—the few
ancestral females who were initially able to live to postmenopausal ages
increased the odds of their grandchildren surviving. As a result, these
longer-lived females were disproportionately likely to pass on their
genes that favored longevity, so over the course of thousands of
generations, the species as a whole evolved longer lifespans.
But why would females evolve to only ovulate for 40 or so years
into these longer lives? Hawkes and other advocates of the hypothesis
note that, without menopause, older women would simply continue to
mother children, instead of acting as grandmothers. All children would
still be entirely dependent on their mothers for survival, so once older
mothers died, many young offspring would likely die too. From an
evolutionary perspective, it makes more sense for older females to
increase the group’s overall offspring survival rate instead of spending
more energy on producing their own.
Hawkes goes one step further, arguing that the social relations
that go along with grandmothering could have contributed to the larger
brains and other traits that distinguish humans. “If you are a
chimpanzee, gorilla or orangutan baby, your mom is thinking about
nothing but you,” she says. “But if you are a human baby, your mom has
other kids she is worrying about, and that means now there is selection
on you—which was not on any other apes—to much more actively engage her:
‘Mom! Pay attention to me!’”
As a result, she says, “Grandmothering gave us the kind of
upbringing that made us more dependent on each other socially and prone
to engage each other’s attention.” This trend, Hawkes says, drove the
increase in brain size, along with longer lifespans and menopause.
The theory is by no means definitive, but the new mathematical
evidence serves as another crucial piece of support for it. This could
help anthropologists better understand human evolution—and should give
you another reason to go thank your grandmother.
Pollution : 33 photos qui montrent à quel point la situation en Chine est critique
Avec un nouvelle croissance moyenne de 10 % par an en Chine,
l’environnement est passé au second plan. C’est le pays le plus peuplé
de la planète et il commence à montrer une forte augmentation du nombre
de malformations congénitales, des cours d’eau inutilisables et son air
est le plus pollué au monde. La pollution est telle qu’un nouveau mot a
été inventé : « somgpocalypse ».
Ceci étant, cela ne signifie pas que la Chine ne cherche pas à
changer les choses, elle prendrait même ce défi beaucoup plus au sérieux
que d’autres selon la Harvard Business Review. Ce sont les leaders
mondiaux de l’investissement dans les technologies énergétiques à faible
émission de carbone. Ils s’engagent également sur le long terme pour
lutter contre leurs problèmes. Ils voient l’énergie propre comme une
grande opportunité économique.
Les photos suivantes prouvent à quel point la croissance économique peut avoir un impact sur l’environnement…
Une journaliste prend un échantillon de la rivière Jianhe. Elle est
devenue rouge à cause des produits chimiques déversés illégalement
d’eaux usées non traitées.
Ce petite garçon nage dans une prolifération d’algues à Qingdao. Ces
algues sont causées par le ruissellement agricole excessif. Cela devient
des zones mortes inhospitalières pour la flore et la faune.
Des scientifiques ont récemment dit que la pollution de l’air en
chine est devenue si grave que cela pourrait conduire à l’équivalent
d’un hiver nucléaire: refroidissement global et durable du climat
terrestre lié à l’absorption des rayonnements du soleil par les
particules de pollution.
Des algues toujours des algues… Ces eaux polluées sont un danger pour la santé des gens qui s’y mouillent.
Chaque année, près de 750 000 Chinois meurent prématurément de la souillure.
Un pêcheur patauge dans un déversement de pétrole.
En 2010, une explosion dans une installation de stockage de pétrole à
Dalian a répandu plus de 400 millions de litres de pétrole dans l’eau.
C’est une quantité énorme qui équivaut à plus de 4 fois la taille du
déversement de la BP Deepwater Horizon de la même année.
Un petit garçon boit de l’eau d’un ruisseau rempli de déchets à Fuyuan, en Chine.
Un homme de la région ramasse des poissons qui sont morts à cause de la pollution de l’eau.
En 2007, les autorités chinoises ont annoncé que plus d’un tiers des
espèces de poissons de la rivière Jaune ont maintenant disparus à cause
de la construction de barrages ou de l’immondice.
Un lac à Hefei contient une couche importante de polluants et d’algues à la surface.
Selon Greenpeace, Beijing a connu 2589 décès et une perte de 328 M $ US en 2012 à cause de la pollution.
En 2030, les émissions de dioxyde de carbone de la Chine pourraient égaler la production mondiale de CO2 actuelle…
La Chine brûle près de la moitié du charbon du monde! En 2011, elle a consommé 3,8 milliards de tonnes de charbon.
Etant donné que la demande en Chine pour l’énergie ne fait que
monter en flèche, l’incidence des déversements de pétrole et la
pollution liée au gaz ne fera malheureusement qu’augmenter.
Selon Greenpeace, Beijing a eu 2589 décès et a perdu 328 M $ US en 2012 à cause de ce poison.
Le 12 Janvier 2013, le niveau d’indice de la qualité de l’air à
Beijing était si dangereux qu’il allait au-delà de la mesure existante.
La collecte et l’élimination des déchets est plus un luxe qu’une
réalité de la vie. Dans les zones rurales, les cours d’eau servent
souvent à l’élimination des déchets.
Merci à National Geographic, Business Insider, CBS, et all-that-is-interesting pour les images. À propos de l’Auteure : Claire C. J’ai rejoint http://www.espritsciencemetaphysiques.com/ en 2014.
Plus le temps passe et plus ce qui se passe sur notre planète
m’interpelle, j’ai donc voulu apporter ma contribution pour essayer de
faire changer les choses. Depuis que je travaille pour Esprit Science
Métaphysiques , j’ai eu de grands changements dans ma vie et j’espère
pouvoir faire évoluer la conscience des autres.
Last Hours describes a science-based climate scenario where a tipping
point to runaway climate change is triggered by massive releases of
frozen methane. Methane, a powerful greenhouse gas, has already started
to percolate into the open seas and atmosphere from methane hydrate
deposits beneath melting arctic ice, from the warming
northern-hemisphere tundra, and from worldwide continental-shelf
undersea methane pools.
Burning fossil fuels release carbon
that, principally through greenhouse effect, heat the atmosphere and the
seas. This is happening most rapidly at the polar extremes, and this
heating has already begun the process of releasing methane. If we do
not begin to significantly curtail the use of carbon-based fossil fuels,
this freed methane threatens to radically accelerate the speed of
global warming, potentially producing a disaster beyond the ability of
the human species to adapt. With this film, we hope to awaken people
to the fact that the earth has experienced five major extinctions in the
deep geologic past – times when more than half of all life on earth
vanished – and that we are now entering a sixth extinction. Industrial
civilization with its production of greenhouse gases has the potential
to trigger a mass extinction on the order of those seen in the deep
geological past. In the extreme, it could threaten not just human
civilization, but the very existence of human life on this planet.
An
asset for the climate change movement, “Last Hours” will be
disseminated globally to help inform society about the dangers
associated with climate change and to encourage the world community to
chart a path forward that greatly reduces green house gas emissions. We
encourage you to explore this website and the highlighted actions you
can take to address climate change. We look forward to bringing you
additional films about the challenges we face and the solutions that
exist over the next few years, in the lead up to COP21, the 2015 UN
Conference on Climate Change in Paris.
CARBON is the first film in the Green World Rising Series. http://www.greenworldrising.org
“Carbon” is narrated by Leonardo DiCaprio, presented by Thom Hartmann
and directed by Leila Conners. Executive Producers are George DiCaprio,
Earl Katz and Roee Sharon Peled. Carbon is produced by Mathew Schmid
and was written by Thom Hartmann, Sam Sacks, Leila Conners and Mathew
Schmid. Music is composed and performed by Jean-Pascal Beintus and
intro drone by Francesco Lupica. Carbon is produced by Tree Media with
the support of the Leonardo DiCaprio Foundation.
WASHINGTON — After more
than two decades of trying but failing to forge a global pact to halt
climate change, United Nations negotiators gathering in South America
this week are expressing a new optimism that they may finally achieve
the elusive deal.
Even with a deal to stop
the current rate of greenhouse gas emissions, scientists warn, the world
will become increasingly unpleasant. Without a deal, they say, the
world could eventually become uninhabitable for humans.
For
the next two weeks, thousands of diplomats from around the globe will
gather in Lima, Peru, for a United Nations summit meeting to draft an
agreement intended to stop the global rise of planet-warming greenhouse
gases.
The meeting comes just weeks after a landmark announcement by
President Obama and President Xi Jinping of China committing the
world’s two largest carbon polluters to cuts in their emissions. United
Nations negotiators say they believe that advancement could end a
longstanding impasse in the climate talks, spurring other countries to
sign similar commitments.
A child walking near her home with a coal-fired power plant in the background in Beijing, China.
Kevin Frayer / Getty Images
But
while scientists and climate-policy experts welcome the new momentum
ahead of the Lima talks, they warn that it now may be impossible to
prevent the temperature of the planet’s atmosphere from rising by 3.6
degrees Fahrenheit. According to a large body of scientific research,
that is the tipping point at which the world will be locked into a
near-term future of drought, food and water shortages, melting ice
sheets, shrinking glaciers, rising sea levels and widespread flooding —
events that could harm the world’s population and economy.
Recent
reports show that there may be no way to prevent the planet’s
temperature from rising, given the current level of greenhouse gases
already in the atmosphere and the projected rate of emissions expected
to continue before any new deal is carried out.
That
fact is driving the urgency of the Lima talks, which are expected to
produce a draft document, to be made final over the next year and signed
by world leaders in Paris in December 2015.
While
a breach of the 3.6 degree threshold appears inevitable, scientists say
that United Nations negotiators should not give up on their efforts to
cut emissions. At stake now, they say, is the difference between a newly
unpleasant world and an uninhabitable one.
Felipe Calderón, the chairman of the Global Commission on the Economy and Climate and former president of Mexico.
Richard Drew / Associated Press
“I
was encouraged by the U.S.-China agreement,” said Michael Oppenheimer, a
professor of geosciences and international affairs at Princeton
University and a member of the United Nations Intergovernmental Panel on
Climate Change, a global body of scientists that produces regular
reports on the state of climate science. But he expressed doubts that
the threshold rise in global temperature could be prevented.
“What’s
already baked in are substantial changes to ecosystems, large-scale
transformations,” Mr. Oppenheimer said. He cited losses of coral reef
systems and ice sheets, and lowering crop yields.
Still,
absent a deal, “Things could get a lot worse,” Mr. Oppenheimer added.
Beyond the 3.6 degree threshold, he said, the aggregate cost “to the
global economy — rich countries as well as poor countries — rises
rapidly.”
The objective now, negotiators say, is
to stave off atmospheric temperature increases of 4 to 10 degrees by the
end of the century; at that point, they say, the planet could become
increasingly uninhabitable.
Officials
at the National Oceanic and Atmospheric Administration are already
reporting that 2014 appears likely to be the warmest year on record.
Since
1992, the United Nations has convened an annual climate change summit
meeting aimed at forging a deal to curb greenhouse gases, which are
produced chiefly by burning coal for electricity and gasoline for
transportation. But previous agreements, such as the 1997 Kyoto
Protocol, included no requirements that developing nations, such as
India and China, cut their emissions. And until now, the United States
has never headed into those summit meetings with a domestic climate
change policy in place.
This spring, a report
by 13 federal agencies concluded that climate change would harm the
American economy by increasing food prices, insurance rates and
financial volatility. In China, the central government has sought to
quell citizen protests related to coal pollution.
In June, Mr. Obama announced
a new Environmental Protection Agency rule forcing major emissions cuts
from coal-fired power plants. State Department negotiators took the
decision to China, hoping to broker a deal for a similar offer of
domestic action. That led to November’s joint announcement in Beijing:
The United States will cut its emissions up to 28 percent by 2025, while
China will decrease its emissions by or before 2030.
“Our
sense is that this will resonate in the broader climate community, give
momentum to the negotiations and spur countries to come forward with
their own targets,” said Todd Stern, Mr. Obama’s lead climate change
negotiator. “The two historic antagonists, the biggest players,
announcing they’ll work together.”
Other
negotiators agree. “The prospects are so much better than they’ve ever
been,” said Felipe Calderón, the former president of Mexico and chairman
of the Global Commission on the Economy and Climate, a research
organization.
The aim of negotiators in Lima
is, for the first time, to produce an agreement in which every nation
commits to a domestic plan to reduce greenhouse gas emissions, along the
model of the United States-China agreement. Negotiators expect that by
next March, governments will make announcements similar to those made by
the United States and China.
The idea is for
each country to cut emissions at a level that it can realistically
achieve, but in keeping with domestic political and economic
constraints. World leaders would sign a deal in Paris next year
committing all those nations to their cuts, including a provision that
the nations regularly reconvene to further reduce their emissions.
The
problem is that climate experts say it almost certainly will not happen
fast enough. A November report by the United Nations Environment
Program concluded that in order to avoid the 3.6 degree increase, global
emissions must peak within the next 10 years, going down to half of
current levels by midcentury.
But the deal
being drafted in Lima will not even be enacted until 2020. And the
structure of the emerging deal — allowing each country to commit to what
it can realistically achieve, given each nation’s domestic politics —
means that the initial cuts by countries will not be as stringent as
what scientists say is required.
China’s plan
calls for its emissions to peak in 2030. Government officials in India,
the world’s third-largest carbon polluter, have said they do not expect
to see their emissions decline until at least 2040.
While
Mr. Obama has committed to United Nations emissions cuts through 2025,
there is no way to know if his successor will continue on that path.
That
reality is already setting in among low-lying island nations, like the
Marshall Islands, where rising seas are soaking coastal soil, killing
crops and contaminating fresh water supplies.
“The
groundwater that supports our food crops is becoming inundated with
salt,” said Tony A. deBrum, foreign minister of the Marshall Islands.
“The green is becoming brown.”
Many island nations
are looking into buying farmland in other countries to grow food and,
eventually, to relocate their populations.
In
Lima, those countries are expected to demand that a final deal include
aid to help them adapt to the climate impacts that have already arrived.
Interview - Que faire dans cette période de crise aiguë ? S’indigner,
certes. Mais surtout agir. A 90 ans, le philosophe et sociologue nous
invite à résister au diktat de l’urgence. Pour lui, l’espoir est à
portée de main. Entretien.
Pourquoi la vitesse est-elle à ce point ancrée dans le fonctionnement de notre société ?
La vitesse fait partie du grand mythe du progrès, qui anime la
civilisation occidentale depuis le XVIIIe et le XIXe siècle. L’idée
sous-jacente, c’est que nous allons grâce à lui vers un avenir toujours
meilleur. Plus vite nous allons vers cet avenir meilleur, et mieux
c’est, naturellement. C’est dans cette optique que se sont multipliées
les communications, aussi bien économiques que sociales, et toutes
sortes de techniques qui ont permis de créer des transports rapides. Je
pense notamment à la machine à vapeur, qui n’a pas été inventée pour des
motivations de vitesse mais pour servir l’industrie des chemins de fer,
lesquels sont eux-mêmes devenus de plus en plus rapides. Tout cela est
corrélatif par le fait de la multiplication des activités et rend les
gens de plus en plus pressés. Nous sommes dans une époque où la
chronologie s’est imposée.
Cela est-il donc si nouveau ?
Dans
les temps anciens, vous vous donniez rendez-vous quand le soleil se
trouvait au zénith. Au Brésil, dans des villes comme Belém, encore
aujourd’hui, on se retrouve « après la pluie ». Dans ces schémas, vos
relations s’établissent selon un rythme temporel scandé par le soleil.
Mais la montre-bracelet, par exemple, a fait qu’un temps abstrait s’est
substitué au temps naturel. Et le système de compétition et de
concurrence – qui est celui de notre économie marchande et capitaliste –
fait que pour la concurrence, la meilleure performance est celle qui
permet la plus grande rapidité. La compétition s’est donc transformée en
compétitivité, ce qui est une perversion de la concurrence.
Cette quête de vitesse n’est-elle pas une illusion ?
En
quelque sorte si. On ne se rend pas compte – alors même que nous
pensons faire les choses rapidement – que nous sommes intoxiqués par le
moyen de transport lui-même qui se prétend rapide. L’utilisation de
moyens de transport toujours plus performants, au lieu d’accélérer notre
temps de déplacement, finit – notamment à cause des embouteillages –
par nous faire perdre du temps ! Comme le disait déjà Ivan Illich (philosophe autrichien né en 1926 et mort en 2002, ndlr) : « La voiture nous ralentit beaucoup. »
Même les gens, immobilisés dans leur automobile, écoutent la radio et
ont le sentiment d’utiliser malgré tout le temps de façon utile. Idem
pour la compétition de l’information. On se rue désormais sur la radio
ou la télé pour ne pas attendre la parution des journaux. Toutes ces
multiples vitesses s’inscrivent dans une grande accélération du temps,
celui de la mondialisation. Et tout cela nous conduit sans doute vers
des catastrophes.
Le progrès et le rythme auquel nous le construisons nous détruit-il nécessairement ?
Le
développement techno-économique accélère tous les processus de
production de biens et de richesses, qui eux-mêmes accélèrent la
dégradation de la biosphère et la pollution généralisée. Les armes
nucléaires se multiplient et on demande aux techniciens de faire
toujours plus vite. Tout cela, effectivement, ne va pas dans le sens
d’un épanouissement individuel et collectif !
Pourquoi cherchons-nous systématiquement une utilité au temps qui passe ?
Prenez
l’exemple du déjeuner. Le temps signifie convivialité et qualité.
Aujourd’hui, l’idée de vitesse fait que dès qu’on a fini son assiette,
on appelle un garçon qui se dépêche pour débarrasser et la remplacer. Si
vous vous emmerdez avec votre voisin, vous aurez tendance à vouloir
abréger ce temps. C’est le sens du mouvement slow food dont est née
l’idée de « slow life », de « slow time » et même de « slow science ».
Un mot là-dessus. Je vois que la tendance des jeunes chercheurs, dès
qu’ils ont un domaine, même très spécialisé, de travail, consiste pour
eux à se dépêcher pour obtenir des résultats et publier un « grand »
article dans une « grande » revue scientifique internationale, pour que
personne d’autre ne publie avant eux. Cet esprit se développe au
détriment de la réflexion et de la pensée. Notre temps rapide est donc
un temps antiréflexif. Et ce n’est pas un hasard si fleurissent dans
notre pays un certain nombre d’institutions spécialisées qui prônent le
temps de méditation. Le yoguisme, par exemple, est une façon
d’interrompre le temps rapide et d’obtenir un temps tranquille de
méditation. On échappe de la sorte à la chronométrie. Les vacances,
elles aussi, permettent de reconquérir son temps naturel et ce temps de
la paresse. L’ouvrage de Paul Lafargue Le droit à la paresse (qui
date de 1880, ndlr) reste plus actuel que jamais car ne rien faire
signifie temps mort, perte de temps, temps non-rentable.
Pourquoi ?
Nous
sommes prisonniers de l’idée de rentabilité, de productivité et de
compétitivité. Ces idées se sont exaspérées avec la concurrence
mondialisée, dans les entreprises, puis répandues ailleurs. Idem dans le
monde scolaire et universitaire ! La relation entre le maître et
l’élève nécessite un rapport beaucoup plus personnel que les seules
notions de rendement et de résultats. En outre, le calcul accélère tout
cela. Nous vivons un temps où il est privilégié pour tout. Aussi bien
pour tout connaître que pour tout maîtriser. Les sondages qui anticipent
d’un an les élections participent du même phénomène. On en arrive à les
confondre avec l’annonce du résultat. On tente ainsi de supprimer
l’effet de surprise toujours possible.
A qui la faute ? Au capitalisme ? A la science ?
Nous
sommes pris dans un processus hallucinant dans lequel le capitalisme,
les échanges, la science sont entraînés dans ce rythme. On ne peut
rendre coupable un seul homme. Faut-il accuser le seul Newton d’avoir
inventé la machine à vapeur ? Non. Le capitalisme est essentiellement
responsable, effectivement. Par son fondement qui consiste à rechercher
le profit. Par son moteur qui consiste à tenter, par la concurrence, de
devancer son adversaire. Par la soif incessante de « nouveau » qu’il
promeut grâce à la publicité… Quelle est cette société qui produit des
objets de plus en plus vite obsolètes ? Cette société de consommation
qui organise la fabrication de frigos ou de machines à laver non pas à
la durée de vie infinie, mais qui se détraquent au bout de huit ans ? Le
mythe du nouveau, vous le voyez bien – et ce, même pour des lessives –
vise à toujours inciter à la consommation. Le capitalisme, par sa loi
naturelle – la concurrence –, pousse ainsi à l’accélération permanente,
et par sa pression consommationniste, à toujours se procurer de nouveaux
produits qui contribuent eux aussi à ce processus.
On le voit à travers de multiples mouvements dans
le monde, ce capitalisme est questionné. Notamment dans sa dimension financière…
Nous sommes entrés dans une crise profonde sans savoir ce qui va en
sortir. Des forces de résistance se manifestent effectivement.
L’économie sociale et solidaire en est une. Elle incarne une façon de
lutter contre cette pression. Si on observe une poussée vers
l’agriculture biologique avec des petites et moyennes exploitations et
un retour à l’agriculture fermière, c’est parce qu’une grande partie de
l’opinion commence à comprendre que les poulets et les porcs
industrialisés sont frelatés et dénaturent les sols et la nappe
phréatique. Une quête vers les produits artisanaux, les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, ndlr),
indique que nous souhaitons échapper aux grandes surfaces qui,
elles-mêmes, exercent une pression du prix minimum sur le producteur et
tentent de répercuter un prix maximum sur le consommateur. Le commerce
équitable tente, lui aussi, de court-circuiter les intermédiaires
prédateurs. Certes, le capitalisme triomphe dans certaines parties du
monde, mais une autre frange voit naître des réactions qui ne viennent
pas seulement des nouvelles formes de production (coopératives,
exploitations bio), mais de l’union consciente des consommateurs. C’est à
mes yeux une force inemployée et faible car encore dispersée. Si cette
force prend conscience des produits de qualité et des produits
nuisibles, superficiels, une force de pression incroyable se mettra en
place et permettra d’influer sur la production.
Les politiques et leurs partis ne
semblent pas prendre conscience de ces forces émergentes. Ils ne
manquent pourtant pas d’intelligence d’analyse…
Mais vous partez de
l’hypothèse que ces hommes et femmes politiques ont déjà fait cette
analyse. Or, vous avez des esprits limités par certaines obsessions,
certaines structures.
Par obsession, vous entendez croissance ?
Oui !
Ils ne savent même pas que la croissance – à supposer qu’elle revienne
un jour dans les pays que l’on dit développés – ne dépassera pas 2 % !
Ce n’est donc pas cette croissance-là qui parviendra à résoudre la
question de l’emploi ! La croissance que l’on souhaite rapide et forte
est une croissance dans la compétition. Elle amène les entreprises à
mettre des machines à la place des hommes et donc à liquider les gens et
à les aliéner encore davantage. Il me semble donc terrifiant de voir
que des socialistes puissent défendre et promettre plus de croissance.
Ils n’ont pas encore fait l’effort de réfléchir et d’aller vers de
nouvelles pensées.
Décélération signifierait décroissance ?
Ce
qui est important, c’est de savoir ce qui doit croître et ce qui doit
décroître. Il est évident que les villes non polluantes, les énergies
renouvelables et les grands travaux collectifs salutaires doivent
croître. La pensée binaire, c’est une erreur. C’est la même chose pour
mondialiser et démondialiser : il faut poursuivre la mondialisation dans
ce qu’elle créé de solidarités entre les peuples et envers la planète,
mais il faut la condamner quand elle crée ou apporte non pas des zones
de prospérité mais de la corruption ou de l’inégalité. Je milite pour
une vision complexe des choses.
La vitesse en soi n’est donc pas à blâmer ?
Voilà.
Si je prends mon vélo pour aller à la pharmacie et que je tente d’y
parvenir avant que celle-ci ne ferme, je vais pédaler le plus vite
possible. La vitesse est quelque chose que nous devons et pouvons
utiliser quand le besoin se fait sentir. Le vrai problème, c’est de
réussir le ralentissement général de nos activités. Reprendre du temps,
naturel, biologique, au temps artificiel, chronologique et réussir à
résister. Vous avez raison de dire que ce qui est vitesse et
accélération est un processus de civilisation extrêmement complexe, dans
lequel techniques, capitalisme, science, économie ont leur part. Toutes
ces forces conjuguées nous poussent à accélérer sans que nous n’ayons
aucun contrôle sur elles. Car notre grande tragédie, c’est que
l’humanité est emportée dans une course accélérée, sans aucun pilote à
bord. Il n’y a ni contrôle, ni régulation. L’économie elle-même n’est
pas régulée. Le Fonds monétaire international n’est pas en ce sens un
véritable système de régulation.
Le politique n’est-il pas tout de même censé « prendre le temps de la réflexion » ?
On
a souvent le sentiment que par sa précipitation à agir, à s’exprimer,
il en vient à œuvrer sans nos enfants, voire contre eux… Vous savez, les
politiques sont embarqués dans cette course à la vitesse. J’ai lu une
thèse récemment sur les cabinets ministériels. Parfois, sur les bureaux
des conseillers, on trouvait des notes et des dossiers qualifiés de
« U » pour « urgent ». Puis sont apparus les « TU » pour « très urgent »
puis les « TTU ». Les cabinets ministériels sont désormais envahis,
dépassés. Le drame de cette vitesse, c’est qu’elle annule et tue dans
l’œuf la pensée politique. La classe politique n’a fait aucun
investissement intellectuel pour anticiper, affronter l’avenir. C’est ce
que j’ai tenté de faire dans mes livres comme Introduction à une politique de l’homme, La voie, Terre-patrie…
L’avenir est incertain, il faut essayer de naviguer, trouver une voie,
une perspective. Il y a toujours eu, dans l’Histoire, des ambitions
personnelles. Mais elles étaient liées à des idées. De Gaulle avait sans
doute une ambition, mais il avait une grande idée. Churchill avait de
l’ambition au service d’une grande idée, qui consistait à vouloir sauver
l’Angleterre du désastre. Désormais, il n’y a plus de grandes idées,
mais de très grandes ambitions avec des petits bonshommes ou des petites
bonnes femmes.
Michel Rocard déplorait il y a peu pour « Terra eco » la disparition de la vision à long terme…
Il
a raison, mais il a tort. Un vrai politique ne se positionne pas dans
l’immédiat mais dans l’essentiel. A force d’oublier l’essentiel pour
l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. Ce que Michel
Rocard appelle le « long terme », je l’intitule « problème de
fond », « question vitale ». Penser qu’il faut une politique planétaire
pour la sauvegarde de la biosphère – avec un pouvoir de décision qui
répartisse les responsabilités car on ne peut donner les mêmes
responsabilités à des pays riches et à des pays pauvres –, c’est une
politique essentielle à long terme. Mais ce long terme doit être
suffisamment rapide car la menace elle-même se rapproche.
Le président de la République Nicolas Sarkozy n’incarne-t-il pas l’immédiateté et la présence médiatique permanente ?
Il
symbolise une agitation dans l’immédiateté. Il passe à des immédiatetés
successives. Après l’immédiateté, qui consiste à accueillir le despote
libyen Kadhafi car il a du pétrole, succède l’autre immédiateté, où il
faut détruire Kadhafi sans pour autant oublier le pétrole… En ce sens,
Sarkozy n’est pas différent des autres responsables politiques, mais son
caractère versatile et capricieux en font quelqu’un de très singulier
pour ne pas dire un peu bizarre.
Edgar Morin, vous avez 90 ans. L’état de perpétuelle urgence de nos sociétés vous rend-il pessimiste ?
Cette
absence de vision m’oblige à rester sur la brèche. Il y a une
continuité dans la discontinuité. Je suis passé de l’époque de la
Résistance où j’étais jeune, où il y avait un ennemi, un occupant et un
danger mortel, à d’autres formes de résistances qui ne portaient pas,
elles, de danger de mort, mais celui de rester incompris, calomnié ou
bafoué. Après avoir été communiste de guerre et après avoir combattu
l’Allemagne nazie avec de grands espoirs, j’ai vu que ces espoirs
étaient trompeurs et j’ai rompu avec ce totalitarisme-là, devenu ennemi
de l’humanité. J’ai combattu cela et résisté. J’ai ensuite
– naturellement – défendu l’indépendance du Vietnam ou de l’Algérie,
quand il s’agissait de liquider un passé colonial. Cela me semblait si
logique après avoir lutté pour la propre indépendance de la France, mise
en péril par le nazisme. Au bout du compte, nous sommes toujours pris
dans des nécessités de résister.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui,
je me rends compte que nous sommes sous la menace de deux barbaries
associées. Humaine tout d’abord, qui vient du fond de l’histoire et qui
n’a jamais été liquidée : le camp américain de Guantánamo ou l’expulsion
d’enfants et de parents que l’on sépare, ça se passe aujourd’hui !
Cette barbarie-là est fondée sur le mépris humain. Et puis la seconde,
froide et glacée, fondée sur le calcul et le profit. Ces deux barbaries
sont alliées et nous sommes contraints de résister sur ces deux fronts.
Alors, je continue avec les mêmes aspirations et révoltes que celles de
mon adolescence, avec cette conscience d’avoir perdu des illusions qui
pouvaient m’animer quand, en 1931, j’avais dix ans.
La combinaison de ces deux barbaries nous mettrait en danger mortel…
Oui,
car ces guerres peuvent à tout instant se développer dans le fanatisme.
Le pouvoir de destruction des armes nucléaires est immense et celui de
la dégradation de la biosphère pour toute l’humanité est vertigineux.
Nous allons, par cette combinaison, vers des cataclysmes. Toutefois, le
probable, le pire, n’est jamais certain à mes yeux, car il suffit
parfois de quelques événements pour que l’évidence se retourne.
Des femmes et des hommes peuvent-ils aussi avoir ce pouvoir ?
Malheureusement, dans notre époque, le système empêche les esprits de
percer. Quand l’Angleterre était menacée à mort, un homme marginal a
été porté au pouvoir, qui se nommait Churchill. Quand la France était
menacée, ce fut De Gaulle. Pendant la Révolution, de très nombreuses
personnes, qui n’avaient aucune formation militaire, sont parvenues à
devenir des généraux formidables, comme Hoche ou Bonaparte ; des
avocaillons comme Robespierre, de grands tribuns. Des grandes époques de
crise épouvantable suscitent des hommes capables de porter la
résistance. Nous ne sommes pas encore assez conscients du péril. Nous
n’avons pas encore compris que nous allons vers la catastrophe et nous
avançons à toute allure comme des somnambules.
Le philosophe Jean-Pierre Dupuy estime que de la catastrophe naît la solution. Partagez-vous son analyse ?
Il
n’est pas assez dialectique. Il nous dit que la catastrophe est
inévitable mais qu’elle constitue la seule façon de savoir qu’on
pourrait l’éviter. Moi je dis : la catastrophe est probable, mais il y a
l’improbabilité. J’entends par « probable », que pour nous
observateurs, dans le temps où nous sommes et dans les lieux où nous
sommes, avec les meilleures informations disponibles, nous voyons que le
cours des choses nous emmène à toute vitesse vers les catastrophes. Or,
nous savons que c’est toujours l’improbable qui a surgi et qui a
« fait » la transformation. Bouddha était improbable, Jésus était
improbable, Mahomet, la science moderne avec Descartes, Pierre Gassendi,
Francis Bacon ou Galilée était improbables, le socialisme avec Marx ou
Proudhon était improbable, le capitalisme était improbable au Moyen-Age…
Regardez Athènes. Cinq siècles avant notre ère, vous avez une petite
cité grecque qui fait face à un empire gigantesque, la Perse. Et à
deux reprises – bien que détruite la seconde fois – Athènes parvient à
chasser ces Perses grâce au coup de génie du stratège Thémistocle, à
Salamine. Grâce à cette improbabilité incroyable est née la démocratie,
qui a pu féconder toute l’histoire future, puis la philosophie. Alors,
si vous voulez, je peux aller aux mêmes conclusions que Jean-Pierre
Dupuy, mais ma façon d’y aller est tout à fait différente. Car
aujourd’hui existent des forces de résistance qui sont dispersées, qui
sont nichées dans la société civile et qui ne se connaissent pas les
unes les autres. Mais je crois au jour où ces forces se rassembleront,
en faisceaux. Tout commence par une déviance, qui se transforme en
tendance, qui devient une force historique. Nous n’en sommes pas encore
là, certes, mais c’est possible.
Il est donc possible de rassembler ces forces, d’engager la grande métamorphose, de l’individu puis de la société ?
Ce
que j’appelle la métamorphose, c’est le terme d’un processus dans
lequel de multiples réformes, dans tous les domaines, commencent en même
temps.
Nous sommes déjà dans un processus de réformes…
Non,
non. Pas ces pseudo-réformes. Je parle de réformes profondes de vie, de
civilisation, de société, d’économie. Ces réformes-là devront se mettre
en marche simultanément et être intersolidaires.
Vous appelez cette démarche « le bien-vivre ». L’expression semble faible au regard de l’ambition que vous lui conférez.
L’idéal
de la société occidentale – « bien-être » – s’est dégradé en des choses
purement matérielles, de confort et de propriété d’objet. Et bien que
ce mot « bien-être » soit très beau, il fallait trouver autre chose. Et
quand le président de l’Equateur Rafael Correa a trouvé cette formule de
« bien-vivre », reprise ensuite par Evo Morales (le président bolivien, ndlr),
elle signifiait un épanouissement humain, non seulement au sein de la
société mais aussi de la nature. L’expression « bien vivir » est sans
doute plus forte en espagnol qu’en français. Le terme est « actif » dans
la langue de Cervantès et passif dans celle de Molière. Mais cette idée
est ce qui se rapporte le mieux à la qualité de la vie, à ce que
j’appelle la poésie de la vie, l’amour, l’affection, la communion et la
joie et donc au qualitatif, que l’on doit opposer au primat du
quantitatif et de l’accumulation. Le bien-vivre, la qualité et la poésie
de la vie, y compris dans son rythme, sont des choses qui doivent
– ensemble – nous guider. C’est pour l’humanité une si belle finalité.
Cela implique aussi et simultanément de juguler des choses comme la
spéculation internationale… Si l’on ne parvient pas à se sauver de ces
pieuvres qui nous menacent et dont la force s’accentue, s’accélère, il
n’y aura pas de bien-vivre. —
Edgar Morin en dates
8 juillet 1921 Naissance à Paris
1939 Rejoint la Résistance 1941 Entre au Parti communiste, dont il s’éloigne avant d’en être exclu définitivement en 1951 1977 Publication du premier tome de La Méthode 1993 Ecrit Terre-Patrie et appelle à « une prise de conscience de la communauté du destin terrestre » 2009 Publie Edwige, l’inséparable (Fayard)